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Un docu pour plonger dans les secrets du film culte "Les dents de la mer"

Un docu pour plonger dans les secrets du film culte "Les dents de la mer"
Steven Spielberg, Director of Jaws and Director Laurent Bouzereau are pictured during an interview for National Geographic's Jaws @ 50: The Definitive Inside Story. (National Geographic/Chris Johnson) Chris Johnson / National Geographic/Chris Johnson.

Un demi-siècle et, pourtant, ça n’a pas trop pris de ride. En juin 1975, les salles obscures américaines découvraient un film qui allait à la fois traumatiser toute une génération et marquer l’histoire du septième art: Les dents de la mer. Cinquante ans plus tard, le réalisateur français installé à Los Angeles et déjà derrière des films documentaires consacrés à Faye Dunaway et John Williams, revient avec une nouvelle proposition singulière: revenir sur les coulisses de fabrication de ce film culte.

Présenté en avant-première européenne au Musée océanographique de Monaco et disponible ce jour sur Disney + avant d’être diffusé sur National Geographic, Les dents de la mer: les secrets d’un film culte, revient avec de nombreux témoignages (Steven Spielberg, James Cameron, Robert Zemeckis, J.J. Abrams, Emily Blunt, Guillermo del Toro, etc.) et images d’archives sur les secrets d’un des plus grands films de tous les temps. Dans les coulisses de ce film passionnant, Laurent Bouzereau était comme un poisson dans l’eau.

Où placez-vous "Les Dents de la Mer" dans l’histoire du cinéma?

Pour moi, qui ai vu le film vers l’époque où c’est sorti en France, il y a le cinéma avant Les Dents de la Mer, et il y a le cinéma après. C’est un film qui m’a énormément marqué à un âge où on n’a pas encore trop d’expérience de la vie, et ça vous ouvre les yeux sur tellement de choses cinématographiques. C’est vraiment un film charnière, parce qu’à cette époque, vous avez un certain nombre de réalisateurs qui viennent révolutionner le cinéma: Steven Spielberg, Brian De Palma, Martin Scorsese, Francis Ford Coppola, William Friedkin, George Lucas, et même s’ils ont tous un style vraiment très différent, ce sont tous des amoureux du cinéma. Ce sont des cinéastes très influencés par les grands du cinéma, genre Alfred Hitchcock, John Ford, William Wyler, George Stevens. C’est un film universel, car les jeunes qui découvrent ce film pour la première fois doivent se sentir à l’aise dans le milieu qu’il représente.

Ce qui est fascinant dans votre film, c’est qu’on se rend compte que tout est fabriqué à la main sur le tournage, c’est presque une ode au cinéma, à la débrouillardise, est-ce que ça explique aussi pourquoi le film a si bien vieilli?

Oui, c’est artisanal, mais de l’artisanat très haut placé, je trouve que le requin a toujours le même impact, c’est un monstre même abstrait aujourd’hui. C’est amusant de regarder à quel point le film évolue avec le temps, la chose qui est extraordinaire et qui n’a pas bougé, c’est la voix du requin, qui est musicale, via la musique de John Williams, et c’est le langage le plus international qui existe, et ça n’a pas besoin de sous-titre, ni de doublage. Concevoir la présence du requin à travers deux notes de musique, c’est complètement génial.

Vous avez parlé de la musique de John Williams, il y a cette affiche, le titre, le casting, certaines répliques cultes, on a l’impression qu’il n’y a aucune fausse note dans le sens où tout est parfait du début à la fin, alors que le film avait du retard et aurait pu signer la fin de carrière de Spielberg...

Le miracle, c'est surtout de ne pas avoir abandonné le film, d’essayer de ne pas se faire virer non plus et surtout rester fidèle à sa vision d’origine, à sa vision créative. C’est vraiment un film autour de la survie, une fois que vous avez survécu aux dents de la mer, vous pouvez faire ce que vous voulez, et c’est un petit peu une leçon qui s’applique aussi à l’histoire en elle-même, parce que si ces trois hommes arrivent à survivre au requin, ils vont pouvoir avoir une vie normale. Il y a quelque chose d’assez intéressant dans la production du film, où Steven n’arrive pas à faire marcher le requin qui devient presque son ennemi numéro un, c’est un parallèle que je trouve fascinant. Tout comme l’ivresse de Robert Shaw, et ses disputes avec Richard Dreyfuss, ont aidé à impliquer les acteurs dans les personnages, d’où ces échanges absolument extraordinaires entre ces trois hommes sur le bateau, la ligne entre la fiction et la réalité était bien fine à certains moments.

En tant que réalisateur, quelle est votre scène préférée du film?

La première scène, la première séquence avec la jeune femme, l’entrée dans un film, c’est quelque chose d’essentiel, et d’arriver à nous agripper comme ça, dès le départ, c’est très fort. On sait que l’on vient de voir quelque chose d’atroce, et en même temps de fascinant, et cela interroge sur la suite du film. C’est une très bonne façon de créer un suspense, de soutenir l’attention, et quand on commence à filmer avec tant de violence, vraiment quelque chose de très puissant, vous pouvez prendre votre temps pour expliquer les personnages et le contexte. Il y a vraiment du génie dans la conception de cette introduction, elle nous renvoie à la peur qu’on a tous en commun, cette peur d’être de ne pas voir ce qui se passe en dessous de la surface de l’eau. Suggérer la peur, c’est ce que faisait très bien Hitchcock dans Psychose.

Il y a beaucoup de réalisateurs qui parlent, James Cameron, Robert Zemeckis, Cameron Crowe, J.J. Abrams, on a le sentiment que ce film a marqué plusieurs générations de cinéastes de très grands talents...

C’était très important de trouver des réalisateurs qui avaient chacun eu une expérience un peu différente et avaient reçu des leçons un peu différentes, par exemple, Guillermo del Toro, qui explore la notion de monstre dans tous ses films; James Cameron, qui est aussi quelqu’un qui s’occupe énormément de l’océan et des requins, et qui a fait beaucoup de films avec le thème de l’eau ou de l’océan, chacun apporte une dimension différente à son appréciation du film. Maintenant, c’est évident que La Guerre des Étoiles a eu un impact gigantesque aussi, mais c’est un impact un peu nostalgique, je crois, aujourd’hui, alors que celui des Dents de la Mer, c’est vraiment un impact cinématographique. C’est un opéra baroque fait par un grand auteur.

En 1975, le film a traumatisé certains spectateurs, suscitant une peur d’aller se baigner, cela aurait pu faire naître des phobies, mais cela a ouvert en même temps le débat sur le fait qu’il faut protéger cette espèce, la comprendre...

Au départ, il y a eu une réaction très négative vis-à-vis des requins. Il y a eu une montée de massacre. C’était déjà quelque chose qui existait dans le business. Jacques-Yves Cousteau, qui avait fait le film Le monde du silence, montrait lui et son équipe massacrer des requins dans le film. C’est quelque chose qu’il a toujours regretté. Avec Les dents de la mer, il y a eu un retournement contre les requins. C’est l’auteur du livre qui a inspiré le film, Peter Benchley, de son vivant, avec sa femme, qui dit que le dialogue autour de la protection des requins a changé, car ils étaient très impliqués dans leur protection. Il n’y a pas beaucoup de films qui ont impacté de cette façon notre regard sur l’océan, sur ce qui se passe dans la jungle de l’océan. C’était important d’en parler sans vouloir être trop scolaire ou donneur de leçons.

Ce qui est fascinant dans le film, c’est qu’au départ, pour des raisons budgétaires, on suggère, plus qu’on ne montre, le requin. C’est un peu la marque de fabrique du film, ce monstre qu’on voit très peu ou tardivement...

Tout à fait. Quand on lit le scénario d’origine, il y avait effectivement des intentions de montrer le requin un peu plus tôt. Mais Steven comprend très vite que la clé du film réside dans l’imagination du public. Il suggérait des choses, tout comme Hitchcock. Comme la scène de la douche dans Psychose où on voit très peu de choses, juste une silhouette. Mais c’est monté de façon tellement innovante que tout le monde était convaincu qu’on voyait le couteau rentrer. L’exagération qui vient avec l’imagination, ça nourrit cette espèce d’appréhension et de suspense. Tout d’un coup, vous jouez à cache-cache avec le réalisateur, c’est formidable. Il y a très peu de films qui arrivent à accomplir ce genre de victoire.

Les Dents de la mer: les secrets d’un film culte, disponible sur Disney+ et diffusé le 13 juillet à 18h20, sur National Geographic.

Nice Matin

Nice Matin

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